Mittwoch, 15. August 2007

Mauretanien braucht seine Kinder

Pour tous ceux parmi vous qui parlent le français, enfin un petit article dans cette langue appréciée.

Un ami est actuellement en Mauritanie, son pays d'origine.
De là-bas, il m'a envoyé le mail suivant qui m'a hyper-touché. Lisez-vous même...

Chers Tous,

Vous devez certainement vous demander ce que je deviens ; et surtout, pourquoi je ne vous donne pas de mes nouvelles depuis que je suis parti. Je ne vous ai pas oublié, c’est simplement que lorsqu’on a quitté depuis si longtemps un pays qu’on aime tant, on a tendance à vouloir rattraper le "temps perdu". C’est l’énergie que je mets à rattraper ce temps qui m’a empêché de me rendre dans un cyber et de prendre le temps de vous écrire. Laissez moi d’abord vous dire que vous me manquez tous autant que vous êtes. Je suis arrivé depuis un peu plus de 3 semaines et la première chose que je vais vous raconter, c’est la dernière chose qui m’est arrivée : J’ai été arrête par la Police mauritanienne au poste frontière de Rosso, en rentant du Sénégal. J’ai été arrêté parce que je répondais un peu trop bruyamment à un flic qui se prenait pour Columbo. J’ai été gardé 3 heures au Commissariat de Rosso et j’ai été relâché à la « mauritanienne » (tu appelles quelqu’un, qui connaît quelqu’un d’autre qui connaît le commissaire et le tour est joué). J’ai été retenu 3 heures, mais j’ai jubilé car j’ai pu constater de visu la façon dont la police aux frontières marchait : arrestations à la tête du client, bakchich, abus sur les personnes arrêtées…je suis sorti du Commissariat en gardant l’une de mes premières convictions : la police mauritanienne est encore pourrie jusqu'à l’os et ce n’est pas prêt de changer. Mis à part cet épisode, mon séjour à Nouakchott se passe bien. J’ai retrouvé mes frères et sœurs, ma mère toujours aux fourneaux et au marché et l’essentiel de mes amis, restés au pays. La pauvreté ici est à chaque coin de rue ; du moins, à chaque coin de rue des quartiers populaires de Nouakchott. Le « développement séparé » qui a toujours été à l’œuvre en Mauritanie garde encore ses traces ; les riches s’enrichissent de plus en plus et les pauvres deviennent plus pauvres. Les quartiers Nord (ceux des maures) sont beaux, propres et reluisants tandis que nos quartiers sont abandonnés à un sort digne de Sodhome ou de Gomorrhe. Après neuf années d’absence, rien n’a changé ; je dirais même plus, tout à changé, mais en pire. L’eau est rare et chère (dans les quartiers pauvres) et nous sommes, pour certains, revenus à l’âge de pierre ; se laver est une sinécure, se raser un cauchemar et il faut se faire violence pour aller aux toilettes. Heureusement que mon fils n’est pas venu avec moi car il se serait fâché, à jamais, avec l’Afrique. Par deux fois, je suis tombé malade (diarrhées, problèmes gastriques) ; j’espères seulement ne pas avoir le paludisme avant mon retour. Lors de ces 3 dernières semaines, je me suis beaucoup investi au sein de l’AMDH ‘Association Mauritanienne de Défense des Droits de l’Homme) ; c’est une association pleine de bonne volonté mais qui a peu de moyens. J’ai revu mon désert, nos dromadaires et ma plage ; j’ai réarpenté toutes les rues de mon enfance et j’ai revu tous mes lieux de scolarisations et il faut dire qu’il y’a encore du boulot à faire dans ce pays. Plus que jamais, je suis persuadé que c’est ici que tout se passe ; c’est ici que se trouve ma place car c’est ici qu’il y’a plus de boulot à faire. De la France, je ne peux pas palper les dures réalités que vivent mes concitoyens et je me sens presque coupable de vivre dans un pays développé tandis qu’eux tirent chaque jour le diable par la queue ; chaque fois que je me réveille, je vois l’immensité de la tâche et je me dis qu’il est urgent d’agir pour essayer de changer les choses. C’est en se réveillant dans nos quartiers que l’on peut comprendre le drame de l’immigration clandestine ; personne ne veut vivre comme ils (nous) vivons et la mort est en effet plus douce que certaines existences à Nouakchott. Il y’a pourtant des petites choses simples qui peut faire naître l’espoir : un petit capital pour une menuiserie qui peut sortir un jeune et sa famille de la pauvreté ; une petite machine à coudre pour une jeune fille qui sait coudre mais qui mendie pour nourrir son enfant ; deux, trois ordinateurs pour un jeune technicien réseau qui vit au chômage depuis qu’il a terminé ses études. Il y’a des choses moins simples que les politiques publiques doivent mettre en œuvre pour aider les populations à s’en sortir et pour cela, la Mauritanie a besoin de tous ses enfants. Il y’a des associations pleines de bonne volonté qui tentent tant bien que mal d’aider les populations mais la bonne volonté ne suffit et elles ont besoin d’aide. Au Sénégal, j’ai rencontré une mère qui a perdu un de ses enfants en Gambie, assassiné par des passeurs ; la semaine dernière, un autre de ses enfants a tenté, par Nouadhibou de se rendre en Espagne ; c’est une avarie qui les a fait rentrer à Nouadhibou et qui les a peut-être sauvé. Le paradoxe de cette situation c’est que le père de ces enfants est un homme riche, très riche qui possède beaucoup de commerces dans la ville de Touba, au Sénégal. L’immigration clandestine est en train de changer de visage car ce ne sont plus que les plus pauvres qui veulent s’en aller ni les moins instruits (je vous parlerais prochainement de Hans, un réfugié togolais diplômé qui a tenté la traversée le samedi 14 juillet).

Bref voici un « Bref » aperçu de mon séjour en Mauritanie et au Sénégal.

Sinon, je vais bien, je me plais bien en Mauritanie et je vais, sérieusement, dans les années à venir, tenter de m’y installer pour apporter ma contribution à l’édification d’une Mauritanie juste, prospère et démocratique.

Solidairement

Se rebeller est juste, désobéir est un devoir, agir est nécessaire !

Soulé

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